Pâtes, céréales, volaille : des centaines de produits alimentaires verront leur prix baisser dès le mois de juillet, a promis vendredi Bruno Le Maire, les plus grands industriels de l’agroalimentaire s’étant engagés auprès de Bercy à « faire un effort » en proposant notamment des promotions.
Le gouvernement fait pression depuis plusieurs semaines pour que les géants de l’agroalimentaire en France, tels que Coca-Cola, Mondelez ou Nestlé, prennent leur part des efforts visant à juguler la flambée des prix alimentaires. « Dès le mois de juillet, sur un certain nombre de références et de produits, les prix baisseront. Et nous le vérifierons, et nous sanctionnerons ceux qui ne jouent pas le jeu » via des contrôles de la répression des fraudes (DGCCRF), a assuré le ministre de l’économie sur BFMTV/RMC.
Les industriels s’y sont engagés jeudi lors d’une réunion à Bercy, a-t-il expliqué, et « plusieurs centaines de produits de consommation courante », dont la liste lui sera transmise « la semaine prochaine », devraient être concernés. L’Ilec, porte-voix des grandes marques nationales, a évoqué vendredi auprès de l’AFP « un effort non négligeable de la part des industriels, qui s’inscrit dans un engagement commun avec Bercy et les enseignes de distribution ».
« Ça peut aller vite »
Parmi les produits concernés, Bruno Le Maire a cité les pâtes, la volaille, les céréales, les huiles ou encore l’alimentation animale, ceux dont « les prix sur les marchés de gros baissent », mais pas le lait, le bœuf ni le porc. Lorsque les prix de gros diminuent, il faut parfois attendre plusieurs mois avant que cette baisse soit répercutée en rayon, a expliqué le ministre.
Pour y remédier, une dizaine d’industriels de l’agroalimentaire ont accepté « une indexation anticipée » des prix sur le gros, selon la principale organisation du secteur, l’Ania. D’autres industriels, une trentaine environ, feront un « effort spécifique en termes de promotions ». Laissées à leur appréciation, ces réductions devraient aboutir à des « décrochages de prix sur des marques emblématiques », a expliqué à l’AFP son président, Jean-Philippe André. En faisant des « réductions sur facture » aux supermarchés dès le mois de juillet, « ça peut aller vite » pour constater une baisse en rayon, a-t-il souligné.
Au total, sur les 75 plus grandes entreprises du secteur, « une cinquantaine environ se disent prêtes à faire un effort », a résumé le patron de l’Ania. La hausse des prix à la consommation a ralenti à 5,1 % en mai sur un an, mais celle des produits alimentaires a atteint 14,1 %, devenant le premier moteur de l’inflation.
Quelques entreprises, qui remplissent les conditions fixées en mai par les industriels, ont aussi « entamé un processus de renégociation » des contrats commerciaux conclus en mars avec les supermarchés, a ajouté M. André. Or pour Bruno Le Maire, seuls deux ou trois groupes renégocient à ce stade, alors qu’une quinzaine d’entre eux seraient susceptibles de le faire.
« Rendre » au consommateur
Le gouvernement avait fait monter la pression cette semaine en menaçant de révéler le nom des entreprises qui ne joueraient pas le jeu de la renégociation « avant la fin du mois de juin », une éventualité qui « reste sur la table », a averti Bruno Le Maire vendredi.
Le ministre a également brandi la menace d’« une taxe sur les marges excessives de ces entreprises ». Leur taux de marge « a fortement progressé au cours des premiers mois de l’année 2023, et elles ont plus que rattrapé les pertes qu’elles avaient faites dans les deux années passées », a-t-il constaté. « Il y a une partie des marges que vous devez rendre au consommateur », a-t-il insisté.
Certains industriels, comme ceux de la viande et de la charcuterie, se défendent d’être dans ce cas de figure. Avec un cours moyen du porc en hausse de 35 % sur un an, ils « sont en train de bouffer toute leur trésorerie », a déclaré à l’AFP Martine Leguille-Balloy, la présidente de leur fédération (Fict).
De leur côté, les supermarchés vont prolonger jusqu’à la fin de l’année 2023 leur opération anti-inflation, par laquelle ils vendent une sélection de produits de leur choix au « prix le plus bas possible ».
LyS