Pourquoi (presque) tous les enfants aiment-ils dessiner ?


Si vous êtes parents, vous en gardez sûrement quelques-uns comme on conserve précieusement un chef-d’œuvre. « Les dessins d’enfants ne sont pas que des dessins d’enfants », explique René Baldy de l’Université Paul-Valéry de Montpellier. Spécialiste du développement de l’enfant, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les dessins des enfants qu’il voit comme des témoins de leur développement psychologique, de leurs expériences et de leurs apprentissages.

Première évidence : un tout-petit ne sait pas écrire. Le dessin est donc le médium idéal pour exprimer sa pensée ! René Baldy analyse ainsi le dessin comme « une activité qui correspond à la forme de pensée concrète des jeunes enfants ». Mais ceci se joue au début sans en avoir conscience car, dans les premiers temps de la vie, dessiner est d’abord un plaisir moteur : « le tout-petit trace indépendamment de toute représentation mentale. » En résumé, si les enfants aiment dessiner, au départ, c’est pour le plaisir du geste !

Du bonhomme patate au paysage

La graphomotricité évolue avec l’âge. « Les dessins traduisent des intérêts différents liés à des personnalités en construction », affirme René Baldy. Vers deux ans, l’enfant prend conscience que son tracé peut devenir une forme – « c’est la première étape vers le dessin », souligne-t-il. L’auteur de Dessine-moi un bonhomme (2002) a pu ainsi classifier l’évolution graphique des bambins : vers l’âge de trois ans, apparaissent les premiers « bonhommes ». Pour l’enfant, c’est un objet intéressant à dessiner, et c’est aussi un thème qui est valorisé dans la société occidentale. Progressivement, ce bonhomme va s’enrichir graphiquement. Vers quatre ans, il a une bouche, un nez, des bras… Vers cinq ans, des cheveux, des chaussures… Place au paysage, vers l’âge de six ans généralement, où l’on est capable d’associer au moins cinq ou six formes ensemble.

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Dessin d’enfants représentant la vie des abeilles au sein des ruches

Dessin d’enfants représentant la vie des abeilles au sein des ruches

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Quant aux couleurs, jusqu’à cinq ans, elles restent assez arbitraires et se font le miroir du monde intérieur de l’enfant, comme par exemple : « j’ai donné cette couleur à l’herbe parce que je l’aime bien… » Ce n’est que plus tard (entre cinq et huit ans) que l’enfant va se soucier du réalisme de sa composition et colorier sa mer en bleu, son soleil en jaune…

Grandir, c’est renoncer…

En grandissant, les intérêts d’un jeune deviennent plus abstraits. « Ses compétences linguistiques se sont développées, remarque René Baldy, tandis que ses capacités graphiques vont comme plafonner ».

D’autre part, il devient de plus en plus exigeant avec ses créations. Le préado, insatisfait, abandonne souvent le dessin. C’est aussi une façon de rompre avec le domaine de l’enfance, avec les « enfantillages ». On comprend dès lors pourquoi Picasso disait avoir mis « des années à dessiner comme un enfant ».



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