Il a fallu prendre le train jusqu’à Tonnerre, ville désœuvrée par une désindustrialisation brutale, puis poursuivre en voiture durant trois quarts d’heure. Traverser les forêts et les prairies, particulièrement vertes et touffues après plusieurs semaines de pluie. Entrevoir les exploitations agricoles et les tracteurs, les épandages et les lignes bien droites des champs disciplinés. Enfin, le taxi s’est arrêté devant la porte discrète d’une maison de village vieille de deux cents ans – nous a dit l’artiste en faisant chauffer l’eau pour le thé. Au plafond de la principale pièce à vivre, Mathilde Rosier (née en 1973) a dessiné à la peinture verte des vignes fertiles, dont on devine qu’elles dissimulent habilement d’anciennes fissures. Elles les « soulignent » même, désire la plasticienne, qui évoque la technique de restauration japonaise du kintsugi (laquelle utilise de la laque et de l’or pour réparer, et sublimer, les poteries brisées). « On a tous des failles ; c’est là qu’est notre lumière. »
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