Marseille : les 5 galeries d’art à visiter


Outre le célèbre Mucem, emblématique avec sa dentelle de béton signée Rudy Ricciotti, sa collection dédiée aux territoires méditerranéens et ses expos mémorables (autour de Jeff Koons, l’amitié, la maternité ou l’épidémie du sida), Marseille regorge de très beaux musées, parmi lesquels le Centre de la Vieille Charité, le musée Cantini, Regards de Provence, le [mac] musée d’art contemporain, le musée des Beaux-Arts, celui des Arts décoratifs…

On pourra citer aussi les chemins de traverse empruntés par la toujours dynamique Friche la Belle de Mai, les recherches pointues en matière de verre contemporain du Cirva, les explorations du Frac Sud, le vivier de jeunes artistes qu’est Artagon Marseille, la beauté brute de la Friche de l’Escalette, et puis aussi les foires de la fin d’été, Polyptyque (photographie), Paréidolie (dessin) et Art-O-Rama (art contemporain). Bref, en deux mots comme en cent : Marseille aime l’art !

1. La Traverse: où rêver d’art, dîner et dormir

L’exposition et résidence d’artiste « Dryades de Cosquer » à La Traverse

L’exposition et résidence d’artiste « Dryades de Cosquer » à La Traverse

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Après avoir été durant 20 ans galeriste à Bruxelles, Catherine Bastide a troqué le charme du ciel bas pour l’insolence du soleil de Marseille, qui lui a inspiré l’envie d’une galerie décloisonnée, installée dans une maison de ville du début du XXe siècle. L’ensemble a été soigneusement rénové par l’agence d’architecture marseillaise de Marion Bernard, et dispose désormais d’un espace d’exposition mais aussi d’une chambre d’hôtes avec vue sur la mer et d’une véranda ouverte aux dîners expérimentaux, menés par des chefs itinérants. Bref, encore une fois, un lieu de vie autant que d’art (d’ailleurs toujours dans le 7e arrondissement), ouvert à une perception plurisensorielle de la création. Côté expo, La Traverse s’inscrit actuellement dans la saison culturelle lituanienne avec une superbe réunion d’artistes baltes (dont Lina Lapelytė mais aussi Morta Jonynaitė, Kristina Õllek et Evy Jokhova) autour de la figure de Marija Gimbutas (1921–1994), une chercheuse américano-lituanienne dont on apprend qu’elle aurait eu « l’idée qu’une société matriarcale pacifique, adorant la nature, aurait existé à la fin de la période néolithique dans la région méditerranéenne. » Atypique et palpitant !

2. La Faces Galerie : un café, une œuvre

La table de la Galerie Faces et l’exposition « Follie d’Amore » montée par Sarah Torre De Angelis

La table de la Galerie Faces et l’exposition « Follie d’Amore » montée par Sarah Torre De Angelis

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Ici, pas question d’être intimidé par un espace trop blanc et un accueil glacial. Ouverte en début d’année, la Faces Galerie ressemble d’abord à un café, avec sa grande table conviviale couverte de livres d’art, ses généreux gâteaux, et son offre de boissons réconfortantes (dont un choix pointu de cafés de spécialité). Les murs sont laissés en partie bruts, et l’espace s’étend jusqu’au premier étage. Avec à son actif déjà trois expositions collectives, dont la dernière, « Follie d’amore », célébrait huit artistes femmes dans une conversation chargée de désir avec la poétesse italienne Alda Merini (1931–2009), la Faces Galerie s’incarne en lieu de vie et d’art défricheur, amoureux de dessin et de photographie, où l’on viendrait volontiers quotidiennement si l’on habitait dans le quartier de la rue d’Endoume.

3. Chez Alexis Pentcheff, les grands classiques

L’exposition « Bernard Buffet autrement » à la Galerie Alexis Pentcheff à Marseille

L’exposition « Bernard Buffet autrement » à la Galerie Alexis Pentcheff à Marseille

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Plus ancienne, plus classique, la galerie Alexis Pentcheff a été fondée en 2009 pour défendre des artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, dont la plupart sont venus s’émerveiller des bords de la Méditerranée : Pierre Bonnard, Albert Marquet, Marc Chagall, Paul Signac, Henri-Edmond Cross. Il y a un an, ses deux fondateurs, Alexis et Giulia Pentcheff, ont déménagé pour une sublime maison de maître du quartier de Malmousque, restaurée avec une élégance stricte et dont les fenêtres immenses projettent les visiteurs dans la mer voisine. L’expo du moment est consacrée à une réévaluation du peintre Bernard Buffet (1928–1999), alors qu’une grande rétrospective lui est actuellement consacrée à l’abbaye de Fontevraud : son fils, Nicolas Buffet, a sélectionné pour l’occasion une vingtaine de toiles, donnant chair à un regard tendre sur l’un des artistes les plus vendus – et les plus méprisés – du XXe siècle.

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Galerie Alexis Pentcheff

4. Sissi Club : dans l’air du temps

L’exposition personnelle « Inès Di Folco Jemni, Cantou », à Sissi club Marseille

L’exposition personnelle « Inès Di Folco Jemni, Cantou », à Sissi club Marseille

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© ADAGP, Paris 2024 / Courtesy Inès Di Folco et sissi club, Marseille

Le court manifeste lisible sur le site de cette galerie créée en 2019 donne le ton : ici, dans cet ancien project space immaculé du cours Joseph-Thierry (Sissi Club a été requalifié en galerie en 2022), les fondatrices et curatrices Elise Poitevin et Anne Vimeux défendent des artistes aux « positions décoloniales, queer, inclusives et écologiques ». À titre d’exemple, on a pu y voir cette année le travail de la Franco-Portugaise Estel Fonseca (née en 1987) autour de sa grossesse et de son expérience de la maternité ; l’année dernière, c’était l’artiste chercheuse interdisciplinaire Eothen Stearn (née en 1987) qui présentait « des œuvres textiles, métalliques et sonore [contribuant] à la création d’un espace où les logiques hétéronormatives et patriarcales s’effritent. » Infiniment politique, pointue, la programmation se tourne volontiers vers les artistes émergents, et offre la possibilité d’approcher la jeune scène marseillaise. À l’espace d’exposition s’ajoute une librairie riche en éditions rares et en multiples, dessinée par l’architecte Romain Magail.

5. Kokanas : une galerie née dans un garage

Vue de l’exposition « Grand bien te fasse » de la céramiste Caroline Cutaia à la Galerie Kokanas

Vue de l’exposition « Grand bien te fasse » de la céramiste Caroline Cutaia à la Galerie Kokanas

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© Galerie Kokanas / Photo Igo Studio

Sébastien Thévenet est un touche-à-tout. Comédien, metteur en scène, écrivain, commissaire d’exposition, l’homme est devenu un acteur de la vie culturelle marseillaise en ouvrant en 2020, dans un ancien garage du très résidentiel chemin du Vallon de l’Oriol, une galerie d’art. Un pari un peu fou, donc, qui plus est mené entre deux confinements, mais qui a porté ses fruits puisque les expositions s’enchaînent, les éditions aussi (où les œuvres des artistes exposés dialoguent avec des poèmes), les idées encore (des performances, des t-shirts…). À l’honneur, la création émergente, avec pas mal de peintres (Jules Mimouni, Gillian Genries, Anuk Rocha) mais pas seulement (Clément Bataille, Caroline Cutaia). En 2022, la galerie s’est doublée de l’association La Ruche K, qui propose aux artistes en mal d’espace des ateliers à petits prix et favorise des partenariats avec des entreprises ou avec le domaine public. Un modèle aussi dynamique que vertueux !



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