Les Zinzins de l’espace sur Netflix : à la rencontre du producteur Marc du Pontavice – News Séries


A l’occasion de l’édition 2019 du festival d’Annecy, nous avions pu échanger avec le producteur Marc du Pontavice (« Les Zinzins de l’espace », « Oggy et les cafards »), récent lauréat du César du Meilleur film d’animation pour « J’ai perdu mon corps ».

Xilam

Pourquoi avoir décidé de consacrer un studio à la production de dessins animés ? 

Marc du Pontavice : A titre personnel, j’ai été bercé durant toute mon enfance par les cartoons américains. J’ai bâti ma carrière avec cette idée obsessionnelle que tout ce que je produis doit durer et voyager à travers le monde et j’ai remarqué à l’époque que les dessins animés que les américains avaient alors cessé de produire possédaient justement ces deux qualités exceptionnelles. Quand un programme est bien fait, alors il a une durée de vie absolument incroyable, comme par exemple Tom & Jerry qui continue de cartonner soixante-dix ans après sa création ! 

L’essence même de ces gags visuels forment un langage universel, que nous avons d’ailleurs cherché à pousser à l’extrême avec nos productions, puisque certaines de nos séries sont entièrement non-dialoguées. La mise en scène de nos séries est donc universelle puisqu’elle ne s’enferme pas dans les frontières du langage, ce qui explique pourquoi nos productions sont diffusées dans à peu près 200 pays et rencontrent le succès aux quatre coins du monde. Ce sont donc pour ces raisons que nous avons opté pour ce genre de production ce qui d’ailleurs n’existait alors pas du tout en Europe !

L’absence du dialogue permet également de se concentrer sur l’image, là où des dessins animés plus dialogués permettent peut-être à leurs téléspectateurs de ne suivre l’épisode qu’à travers le son…

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Vous avez tout à fait raison ! Il faut de très grands metteurs en scène pour échapper à la contrainte du dialogue puisqu’un dialogue nécessite le plus souvent un champ/contre-champ entre deux personnages tandis que l’animation de ces scènes se concentre davantage sur le mouvement des lèvres et non sur les corps. C’est comme au cinéma, les plus grands acteurs viennent souvent du théâtre car sur scène il y a l’obligation de jouer avec son corps tout entier ce qui n’est pas toujours le cas au cinéma où certains comédiens utilisent davantage leurs expressions. Se passer de dialogue dans le cadre de l’animation, c’est libérer la mise en scène mais également ajouter une nouvelle contrainte assez géniale qui est que le langage du personnage devient celui de son corps. Cela nous oblige donc à le caractériser par son animation, et non ses dialogues ce qui fondamentalement change tout.

Se passer de dialogues permet aussi d’éviter des problèmes de production comme le changement de comédiens de doublage en cours de série, comme cela a été le cas notamment sur Les Zinzins de l’espace…

(rires) Oui cela a été un vrai sujet de discussion à l’époque. On nous avait notamment reproché d’avoir supprimé le personnage de Steréo dans la deuxième saison et puis il y avait les changements de voix, pas pour la version américaine mais seulement en France et notamment le personnage d’Etno car nous estimions avoir trop forcé sur son accent anglais ce qui limitait ses capacités de jeu. Mais c’est vrai que le choix des voix créée un attachement avec le public et qu’il est ensuite très compliqué de prendre la décision de remplacer un comédien.

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Une autre caractéristique de vos séries est la qualité des génériques et notamment l’utilisation de ces chansons qui restent en tête.

J’ai toujours pensé qu’un générique est en quelque sorte la signature d’une série. Un générique a pour moi deux fonctions : celui d’appel, pour signaler le début d’un épisode et faire venir le spectateur jusqu’à son écran de télévision, mais aussi un rôle très important dans l’empreinte mémorielle. J’ai toujours tenu à ce que mes génériques aient leur propre identité visuelle et ne soient pas juste un montage d’extraits de la série. Quant à la musique, il y a la fois cette volonté de trouver un air qui reste facilement en tête, et que cela affiche en parallèle une ambition musicale à la hauteur de celle de la série. C’est donc toujours un équilibre délicat à trouver. Iggy Pop était venu à Paris enregistrer le générique des Zinzins de l’espace, nous avions passé deux jours fantastiques en studio, Hugues Le Bars a fait un travail fantastique sur celui d’Oggy et les cafards, c’est un générique qui fait fredonner plusieurs générations désormais, mais aussi des spectateurs du monde entier, notamment en Inde où Oggy est un succès phénoménal, presque un phénomène de société ! Voir tous ces enfants fredonner le générique est quelque chose d’assez touchant.

Le générique des Zinzins de l’espace interprété par Iggy Pop :

 



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