Les 9 tendances qui agitent le monde des vins et des spiritueux


Que boirons-nous en 2022, et au-delà ? Si l’on en croit oracles et statistiques, plusieurs lames de fond se dessinent pour les fines et fins buveurs hexagonaux. Plus de local, moins d’alcool, davantage de qualité, au détriment des volumes… Au sortir de la crise sanitaire, décryptage des neuf tendances à retenir en cette étonnante année 2021. 

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Boire moins, mais mieux

Avec un budget destiné aux sorties à la baisse pendant la crise du covid, certaines dépenses se sont reportées sur la boisson, avec des Français de plus en plus alertes sur la qualité des produits consommés, et une propension à dépenser davantage pour l’achat d’un flacon. Ainsi, plus de 40% des consommateurs, toujours plus exigeants et avisés, dépensent entre 21 et 50€ pour une bouteille de spiritueux, un chiffre en hausse de 4 points par rapport à 2019 (étude SoWine). Une tendance corroborée côté vins avec une dernière étude réalisée par Opinion Way, qui affirme que si plus d’un Français sur trois considère qu’une bouteille de vin entre 11 et 20 € est trop chère, 40 % des sondés estiment qu’une cuvée à plus de 20€ constitue toujours une bonne affaire, avec un seuil psychologique de 35€. 

Durant ces longs mois de marasme festif, les Français auront non seulement redécouvert certaines boissons oubliées au fond de leurs placards, mais ont aussi revu leurs habitudes. Si l’on pouvait craindre une hausse de la consommation en raison du contexte, on constate selon le baromètre IPSOS-Whisky Live Paris 2021 qu’ils se sont montrés plus raisonnables qu’escompté : 21% affirment avoir diminué leur consommation, tandis que seuls 12% ont effectivement eu le coude plus léger depuis le début de la crise. Avec, selon les professionnels du secteur, une volonté de boire autant… mais mieux. «Aujourd’hui, on recherche le plaisir, la buvabilité et le prêt à boire, affirme Hugues Forget, chef de cave de la Grande Épicerie de Paris. Dans le même sillage que l’alimentaire, le goût redevient un critère majeur». 

L’attrait pour les vins bios et nature continuent de croître

À Paris et dans la plupart des grandes villes françaises, les cavistes «natures» semblent éclore à tous les coins de rue, tandis que les enseignes et indépendants déjà en place accordent une part de plus en plus importantes aux vins bios sur leurs étagères. Idem du côté des Grandes et Moyennes Surfaces (GMS), qui sentent le vin tourner, notant l’attrait de plus en marqués des consommateurs pour le bio (56% des Français ont une opinion positive du vin bio, et 48% voudraient un plus large choix de vins bio là où ils réalisent leurs achats). Sans compter la création timide d’un label «Vin Méthode Nature» au printemps 2020, qui pourrait bien pousser vers une meilleure reconnaissance d’un secteur encore fragile, qui ne concerne – pour l’instant – qu’une partie infime du marché des vins vendus en France. 

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La Bourgogne déchaîne les passions

À l’export ou dans l’hexagone, des supermarchés aux cavistes indépendants, la Bourgogne remporte tous les suffrages, avec un succès croissant auprès des grands amateurs comme des parfaits néophytes. Ainsi, la région reste le seul vignoble français en croissance régulière depuis 5 ans, et ne cesse de gagner des parts de marché, avec un chiffre d’affaires en croissance quasi-ininterrompue depuis 20 ans – et un record en cours à près de 320 millions d’euros, rouges et blancs confondus. Si les prix commencent à s’avérer dissuasifs, il est encore temps de se rabattre sur le Languedoc et le Beaujolais, deux régions qui, de l’avis des professionnels du secteur, seraient en passe de devenir les deux nouvelles étoiles montantes du vignoble français.

Le saké, nouvelle boisson branchée

Depuis 2013, le marché français du saké importé du Japon a quasiment triplé, passant de 816K€ à 2,2M€ en 2019. Malgré une légère baisse en 2020 en raison de la crise, les ventes repartent à la hausse, avec également un prix au litre qui ne cesse d’augmenter, preuve d’une rélle montée en gamme. «Les curieux ont été précurseurs, mais aujourd’hui on dépasse la simple tendance. Un jour il y aura du saké dans presque tous les restaurants, que ce soit une référence à la carte ou une animation éphémère, s’enthousiasme la sommelière Maryam Masure, ambassadrice du saké en France. Signe supplémentaire de ce gain de popularité, la multiplication des brasseries de saké françaises sur le territoire hexagonal. 

Hard Seltzers : la traversée de l’Atlantique

Avant de virer abstinents (cf. point suivant), les hard seltzers vont-ils venir tailler des croupières au marché de la bière ? Arrivés des États-Unis – où le marché devrait doubler pour atteindre un chiffre de 6 milliards d’euros en 2021 par rapport à 2020 – ces breuvages affichant 5° au compteur arrivent en France, portés par des industriels étrangers tels que Snowmelt, BrewDog ou Coca-Cola, mais aussi les français Ogeu, Carrefour, Pernod Ricard et le Syndicat. A noter qu’au pays du gros rouge et du petit blanc, la profane boisson reste encore confidentielle, séduisant majoritairement les 30-40 ans : en 2021, ils étaient 37% à avoir l’intention d’en acheter (Étude IPSOS-Whisky Live Paris). A suivre, donc.

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Le sans alcool gagne du terrain

L’abstinence est-elle en train de devenir une véritable tendance ? En tous cas, bon nombre de marques s’engouffrent dans la brèche du sans alcool. Adieu donc, ringards mocktails et insipides nectars au format 33cl, place aux simili-gins aromatisés, tels que ceux des marques françaises JNPR, Djin et Nolow, ou encore de l’anglaise Seedlip, la plus ancienne à s’être lancée sur le marché français. Affichant souvent des prix équivalents voire supérieurs aux boissons alcoolisées classiques, les abstinents à sec devront se résoudre à commander un verre d’eau plate. Et en carafe, merci.

Le grand retour des eaux-de-vie

Les eaux-de-vie seraient-elles sorties de l’oubli ? Après tout, nous n’en sommes plus à un paradoxe près. En mai dernier, une étude réalisée par Viavoice démontrait que près de trois Français sur quatre consommaient régulièrement une liqueur, notamment de fruits. Durant le confinement, les Français ont sans doute redécouvert les boissons de leurs aïeux, retrouvant allègrement les joies du pousse-café. Les raisons de ce ré-enchantement ? Le côté nature, sur le fruit et sans gluten, qui plaît aux jeunes générations. Du côté du vignoble, on note également la réouverture de distilleries au sein des villages, à commencer par la Champagne et la Bourgogne, où fines et marcs ressortent des placards. 

Un engouement pour le Made in France 

Si les circuits courts sont déjà bien installés dans l’alimentaire, la tendance est aussi au local en matière de spiritueux. Après des débuts balbutiants en 1998, les whiskies français commencent à avoir une véritable histoire, et on observe un retour aux basiques : whisky coca, gin tonic… Mais de bien meilleure qualité. Une montée en gamme de la production française qui participe à la «premiumisation» du marché, ainsi que le souligne Thierry Bénitah, Directeur général de La Maison du Whisky. Si whiskies écossais et gins anglais se font concurrencer par leurs homologues hexagonaux, une étude So Wine note également un vif regain d’intérêt pour les spiritueux français : cognac, calvados, armagnac… Sans oublier un petit coup de polish sur la Suze, le Pastis et le Saint-Germain !

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De la mixologie à domicile aux cocktails prêts à boire 

Désormais, la mixologie semble être devenue un véritable passe-temps, au même titre que le golf ou le yoga en visioconférence. Ainsi, selon le baromètre annuel So Wine 2021, 40% des Français s’intéresseraient à l’art de la mixologie, soit 7 points de plus qu’en 2019. Un sport pratiqué majoritairement par des femmes, âgées de moins de 35 ans, qui (re)découvrent les joies du rhum, de la vodka, de la tequila ou du mezcal, galvanisées par une nouvelle garde de bartenders qui s’émancipent des cocktails à la papa. Sans oublier, en parallèle des apprentis mixologues, ceux qui se tournent vers les cocktails prêts à boire, dont la consommation a presque doublé en 2 ans. 

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