C’était une grande figure de la photographie humaniste française aux côtés de Robert Doisneau ou Willy Ronis. Morte le 28 décembre à l’âge de 97 ans, la photographe franco-suisse Sabine Weiss avait reçu en 2020 le prix Women In Motion pour la photographie remis par Kering et les Rencontres d’Arles.
Née en Suisse en 1924, Sabine Weiss a toujours su qu’elle voulait être photographe. Comprenant qu’il ne pouvait aller contre une vocation, son père l’aide à trouver une formation et elle entre en 1942 au studio Paul Boissonnas à Genève ou elle sera apprentie photographe jusqu’en 1945. Elle déménage ensuite pour Paris, sûre de ne pas en revenir. « Il y avait tant à voir, tant à faire à Paris… Je savais que si j’y allais, j’y resterais toute ma vie. » À l’instar de bien d’autres artistes qu’elle fréquente ou immortalise, tels Miró, Giacometti ou même son mari le peintre Hugh Weiss, elle fait de la France son pays d’adoption.
Après quelques années comme assistante de Willy Maywald, photographe de portrait et de mode, elle se lance en indépendante. Plus que sa pratique en studio, ce sont ses instantanés dans le métro, dans les rues ou sur les berges qui font son succès : un cheval qui se cambre devant la porte de Vanves, des hommes juchés sur des tabourets pour suivre une course à Auteuil… En arpenteuse infatigable, elle capte le pittoresque de Paris, ses amoureux et ses enfants. Douée pour le reportage, elle voyage en Inde, en Égypte, aux États-Unis et entre en 1952 à l’agence de photojournalisme Rapho à l’invitation de Robert Doisneau. Scènes de la vie ordinaire et portraits d’anonymes, instants volés ou consentis, rien n’échappe à Sabine Weiss qui revendique encore un regard humain sur le monde qui l’entoure.
En 2017, l’artiste faisait don de ses archives – 200 000 négatifs – au musée de l’Élysée à Lausanne (devenu depuis Photo Élysée). L’occasion pour l’institution de mettre en ligne cet entretien mené par Jean-Baptiste Roumens où Sabine Weiss commente, les yeux rieurs, ses clichés les plus emblématiques, du spectacle des rues parisiennes aux images de Giacometti en passant par le sourire radieux d’une petite égyptienne.
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