La présidente de Taïwan a confirmé la présence sur son territoire d’un petit nombre de soldats américains venus entraîner son armée et a dit faire «confiance» aux États-Unis pour qu’ils défendent son île face à la Chine. Dans une interview à CNN diffusée mercredi 27 octobre, Tsai Ing-wen a affirmé que la menace chinoise sur le territoire est de plus en plus grande «chaque jour».
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Interrogée sur la présence de soldats américains à Taïwan, elle a répondu qu’ils ne sont «pas aussi nombreux que ce que les gens pensent». C’est la première fois qu’un dirigeant taïwanais reconnaît publiquement une telle présence depuis le départ de la dernière garnison américaine en 1979, année où Washington a reconnu la Chine communiste au détriment de Taïwan.
Début octobre, un responsable américain ayant requis l’anonymat avait confirmé la présence de soldats américains comme formateurs, après des informations du Wall Street Journal. «Il y a deux groupes, des soldats des forces spéciales et des forces conventionnelles», avait-il dit à l’AFP, précisant que les premiers, présents «depuis moins d’un an», sont «moins de 20» et la force conventionnelle, déployée par rotations, n’est «pas importante».
Selon la présidente taïwanaise, «nous avons un large éventail de coopération avec les États-Unis visant à accroître notre capacité de défense». La présidente s’est déclarée «confiante» sur le fait que les États-Unis contribueront à défendre Taïwan contre la Chine si nécessaire.
Des tensions accrues
Les passes d’armes se sont multipliées ces derniers jours entre les États-Unis et la Chine sur le sort de cette île de 23 millions d’habitants, qui dispose de son propre gouvernement, monnaie, armée, mais que Pékin considère comme une de ses provinces en attente de réunification avec le reste du pays.
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Plus tôt mercredi, le président américain Joe Biden a souligné que les États-Unis étaient «profondément préoccupés par les actions coercitives et agressives de la Chine (…) dans le détroit de Taïwan». Les tensions s’y sont accrues avec la multiplication des incursions aériennes chinoises à proximité de Taïwan. De telles actions «menacent la paix et la stabilité régionales», a ajouté le président américain, selon un enregistrement de ses propos obtenu par l’AFP.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a aussi suscité l’ire de Pékin en plaidant mardi en faveur d’une «participation significative» de Taipei dans les instances onusiennes et sur la scène internationale. «L’exclusion de Taïwan sape le travail important de l’ONU et de ses agences», avait-il insisté, estimant que sa contribution était nécessaire pour faire face «à un nombre sans précédent de défis mondiaux». «Taïwan n’a aucun droit de participation à l’ONU», avait immédiatement rétorqué Pékin, par la voix du porte-parole du Bureau des affaires taïwanaises, Ma Xiaoguang.
«Ambiguïté stratégique»
Le très délicat dossier taïwanais risque d’envenimer encore les relations entre les États-Unis et la Chine, au plus bas depuis des années. La semaine dernière, Biden a semblé vouloir adresser un nouveau message de fermeté à Pékin. Interrogé sur la possibilité d’une intervention militaire américaine pour défendre Taïwan en cas d’attaque de la Chine, le président avait répondu par l’affirmative: «Oui, nous avons un engagement en ce sens», avait-il déclaré.
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Sa déclaration paraissait contredire la politique de longue date des États-Unis dite «d’ambiguïté stratégique». En vertu de celle-ci, Washington aide Taïwan à construire et renforcer sa défense mais sans promettre explicitement de venir à son aide en cas d’attaque.
Les propos de Joe Biden avaient été mal accueillis à Pékin et le gouvernement américain avait par la suite pris soin d’assurer que sa politique à l’égard de Taïwan n’avait pas changé. Les États-Unis reconnaissent depuis 1979 la Chine communiste, au détriment de Taïwan, mais le Congrès américain impose parallèlement de fournir des armes à l’île pour sa défense.