Gabriele Münter naît à Berlin en 1877 et parcourt les États-Unis, boîtier Kodak en main au tournant du XXe siècle, avant de se fixer à Munich en 1901. C’est là qu’elle s’inscrit à l’école particulière de Vassily Kandinsky, avec lequel elle noue une liaison passionnée et s’installe en concubinage, à l’encontre des bonnes mœurs du temps. Le couple passe ses étés dans les Alpes et voyage à Paris entre 1906 et 1907.
Gabriele découvre la palette radieuse des fauves qui lui inspire comme à Vassily une nouvelle voie. Témoin de l’inspiration abstraite de son compagnon, l’influence est réciproque puisque Münter s’approprie la technique artisanale de peinture sur verre, avant que Kandinsky ne lui emboîte le pas. Elle est aussi aux premières loges à la fondation du Blaue Reiter (Cavalier bleu) et ses œuvres sont souvent reproduites dans les pages de son Almanach. Elle est la première à bénéficier d’une exposition personnelle à la galerie Der Sturm de Berlin en 1912.
La nationalité russe de Kandinsky sépare les amants à la déclaration de guerre et s’ils se promettent de se retrouver, lui refait sa vie avec Nina Andreïevskaïa. Dévastée dans un premier temps, elle retrouve l’amour avec l’historien de l’art Johannes Eichner et est reprise de fièvre créatrice dans les années 1920. Une verve qui ne s’éteindra jamais. Peu rancunière, elle est souvent exposée aux côtés de Kandinsky.
Classée au rang des « artistes dégénérés » par les nazis en 1937, Gabriele se fait discrète dans la ville bavaroise de Murnau et, par son action héroïque, cache et sauve des flammes les œuvres majeures du Blaue Reiter qu’elle possède. Gabriele Münter s’éteint en 1962. Depuis 1994, un prix à son nom récompense les artistes femmes.
Son œuvre
Couleurs pures, vives, étalées en grands aplats et cernés d’épais contours noirs… La touche de Gabriele Münter incarne la substance même de l’expressionnisme. La parenté avec Kandinsky est frappante dans les peintures créées avant 1914, où Gabriele exploite tous les genres du paysage au portrait, notamment ceux d’autres peintres du Blaue Reiter (Jawlensky et Werefkin, 1908). Elle s’intéresse aussi au folklore russe, par exemple dans Drachenkampf (Le Combat du dragon, 1913) où le cavalier est inspiré d’une sculpture d’église traditionnelle. Même dans sa période post-Kandinsky, elle reste fidèle à une note bleue et les paysages alpins restent une inspiration constante à l’image de Der Graue See (Le Lac gris, 1932). Gabriele Münter s’essaie aussi à l’abstraction en laissant plusieurs compositions de couleurs pures dans les années 1950.
Où la voir ?
Il n’est pas difficile d’admirer des œuvres de Gabriele Münter dans des collections publiques. Le Centre Pompidou en conserve, dont Drachenkampf. Mais c’est en Allemagne que la part la plus importante de son legs est conservée, en particulier au Russenhaus de Murnau, où elle a vécu, mais aussi au Lenbachhaus de Munich, institution de référence pour le Blaue Reiter.
Centre Georges Pompidou
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 11 h à 22 h
Nocturne le jeudi jusqu’à 23 h (uniquement pour les expositions temporaires du niveau 6)
Place Georges Pompidou • 75004 Paris
www.centrepompidou.fr
Russenhaus • Murnau
6 Kottmüllerallee • 82418 Murnau am Staffelsee
www.muenter-stiftung.de
33 Luisenstraße • 80333 München
www.lenbachhaus.de
Documentaire
Gabriele Münter – pionnière de l’art moderne • Arte • 2021 •53 mn