Après “Un éléphant ça trompe énormément”, sa suite, “Nous irons tous au paradis”, est diffusée ce soir sur France 3 en hommage à Claude Brasseur, décédé hier. L’occasion de se poser cette question : pourquoi un 3ème opus n’a-t-il jamais été tourné ?
Le diptyque culte Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au Paradis a connu un beau succès en salles à la fin des années 1970, réunissant à eux deux plus de 5 millions de spectateurs. Le quatuor Jean Rochefort, Victor Lanoux, Claude Brasseur et Guy Bedos a durablement marqué les esprits, permettant aux films de devenir au fil du temps des classiques de la comédie française.
Ces oeuvres ont beaucoup influencé les générations futures, de la saga Le Coeur des hommes en passant par La Vérité si je mens et Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet. Si les deux films réalisés par Yves Robert ont été de telles réussites, pourquoi un 3ème opus n’a-t-il jamais vu le jour ? Le projet était pourtant bien dans les cartons dès la sortie de Nous irons tous au paradis.
Souhaitant vivement sortir une suite, Gaumont sollicite très vite le réalisateur et son scénariste, Jean-Loup Dabadie. Les deux hommes cherchent des pistes pour relancer les intrigues vaudevillesques de leurs truculents personnages, Daniel (Claude Brasseur), Bouly (Victor Lanoux), Simon (Guy Bedos) et Etienne (Jean Rochefort). Il est alors question que la bande de potes se retrouve en Chine, à la recherche de Simon, mystérieusement disparu.
Selon Jean-Loup Dabadie, le cœur du film se déroulait dans l’Orient-Express durant le trajet du retour. Nos compères y auraient fait de nombreuses rencontres, parmi lesquelles une jeune femme incarnée par Miou-Miou. Anny Duperey devait aussi revenir après l’absence de son personnage, la splendide Charlotte, dans Nous irons tous au paradis.
Jean Rochefort fâché avec Yves Robert
Si ce 3ème volet n’a pas été tourné, c’est tout simplement à cause de Jean Rochefort. Le comédien n’en démordait pas, il ne voulait plus reprendre son personnage d’Etienne Dorsay. Cette prise de position a fortement affecté Yves Robert. Les deux artistes étaient très amis et le refus de Rochefort a été le déclencheur d’une longue période de fâcherie entre eux. L’acteur finira par se raviser, mais il était malheureusement trop tard. Le producteur Alain Poiré a bien tenté de convaincre Jean-Loup Dabadie de remplacer Jean Rochefort et même de réaliser lui-même une suite mais rien n’a pu se concrétiser.
“On m’a demandé plusieurs fois d’en faire un troisième pour le cinéma ou pour la télévision. Je me l’interdis depuis l’absence d’Yves Robert [décédé en 2002]. Parce qu’autrement, jusqu’en des temps très récents, les quatre comédiens étaient vraiment en forme. Anny Duperey est là, Marthe Villalonga, aussi. Je suis là. Il manque Yves et Danièle Delorme. On m’a même proposé, encore récemment, de le mettre en scène. Ce n’est pas mon métier. Moi, j’aime les professionnels. De surcroît, ce genre de films, sur des groupes d’amis, a été, je dirais… démarqué”, confiait Dabadie en 2016, avant les disparitions de Victor Lanoux et Jean Rochefort.
“Nous irons tous au paradis” et sa scène culte du match de tennis