Comment les musées et les artistes développent-ils notre bien-être ?


Fermez les yeux, relâchez vos muscles et vos épaules, inspirez profondément… Dans cette salle du musée français de la Carte à jouer d’Issy-les- Moulineaux, un soir après une longue journée de travail, une dizaine de néophytes se redressent sur leurs chaises pour faciliter le passage de l’air dans les poumons.

Sous une lumière douce, la séance de méditation dure une trentaine de minutes. Guidés par la voix de Marjan Abadie, psychothérapeute et créatrice de la méthode Mindful Art, les participants prennent le temps de découvrir Portrait de famille, peint par Jean-Baptiste Van Loo en 1740, sur lequel, « connectés à leurs émotions », ils décèlent des détails insoupçonnés, dans un moment de partage et de communion. Pour les plus timides, l’expérience peut aussi se vivre en flashant un QR code et en prenant place dans un confortable fauteuil installé près du tableau.

Hamo au Palais de Tokyo

Se faire du bien en admirant des œuvres d’art, prendre rendez-vous avec soi-même au musée, lors d’une pratique encadrée, voilà qui est devenu chose courante dans les musées et centres d’art. Au Palais de Tokyo, à Paris, le Hamo est en activité depuis plusieurs mois et s’adresse à tous les publics, avec une vocation supplémentaire : accompagner « les personnes en situation de handicap psychique ou cognitif ».

À Lens, le programme « Louvre-Lens-Thérapie » convie dix participants par session, dès 16 ans, « à vivre un moment d’introspection avec des œuvres d’art » et ce gratuitement. Une proposition qui complète le panel d’activités de l’institution faisant la part belle aux sens via la sophrologie, les siestes de pleine conscience ou des stages comme « L’art d’être grands-parents »…

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Quand l’art « caresse » et « sculpte » le cerveau

Pratiquer le yoga dans les collections (au musée Rodin, au musée des Beaux-Arts de Rennes, au Louvre, à la Cité de l’architecture et du patrimoine…), ralentir le pas avec la slow visite menée par une sophrologue à l’Institut du monde arabe…

Se faire du bien en admirant des œuvres d’art, voilà qui est devenu chose courante dans les musées et centres d’art

Se faire du bien en admirant des œuvres d’art, voilà qui est devenu chose courante dans les musées et centres d’art, 2024

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© Camille Deschiens pour Beaux Arts magazine

« Depuis les confinements, il y a eu une prise de conscience des institutions et de leur rôle à jouer dans la cité. La question de la santé mentale des citoyens a été placée au cœur des préoccupations. »

Nathalie Bondil

Quatre ans après la pandémie, l’art est devenu une nouvelle pilule bien-être. « Depuis les confinements, il y a eu une prise de conscience des institutions et de leur rôle à jouer dans la cité, se félicite Nathalie Bondil, directrice du musée de l’Institut du monde arabe et pionnière sur le sujet. La question de la santé mentale des citoyens a été placée au cœur des préoccupations. » Lorsqu’elle était à la tête du musée des Beaux-Arts de Montréal, l’historienne de l’art a instauré, avec l’association des Médecins francophones du Canada, des prescriptions médicales inédites et inauguré un atelier d’éducation et d’art-thérapie en formulant le concept de muséothérapie.

« Ce terme émerge des méthodologies du care [bien-être] qui a commencé à se développer au sein des sciences sociales il y a une vingtaine d’années et qui a pénétré les musées, complète Nathalie Bondil. L’idée est d’utiliser le lieu avec toutes ses ressources pour accompagner le soin, dans une approche holistique appuyée par les neurosciences et la médecine. Fréquenter des lieux culturels serait source de bien-être mais également de mieux-être, voire de guérison. »

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Dan Ghenacia, The Oracle

Dan Ghenacia, The Oracle, 2022

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installation immersive. • © Toon van den Broek.

Depuis trois ans, Nathalie Bondil dispense un cours de muséothérapie à l’École du Louvre et animera en mars une session inédite de formation à destination des futurs conservateurs au sein du très sérieux Institut national du patrimoine. À l’Université Claude-Bernard Lyon 1, un diplôme spécifique en « prescriptions culturelles art et santé » a été créé.

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