Pour Jean-Pierre Normandin, agriculteur en Charente, élevage bovin et grandes cultures ne sont pas incompatibles. Mieux même, la polyculture-élevage aide à la mise en place d’assolement cohérents, et permet de diversifier les revenus de l’exploitation.
Agriculteur en périphérie d’Angoulême, Jean-Pierre Normandin ne se voyait pas arrêter l’élevage. Installé sur une exploitation céréalière de 300 ha, il a toujours eu à cœur de maintenir l’élevage bovin sur son exploitation. Tout d’abord avec les vaches laitières, puis aujourd’hui avec les Limousines. « Nous sommes restés en lait pendant 10 ans, mais avec les mises aux normes, je n’ai pas souhaité sauter le pas », résume l’agriculteur charentais.
Et pour maintenir l’élevage, Jean-Pierre Normandin a misé sur la Limousine. « Nous avons mis en place un atelier viande il y a une dizaine d’années, naisseur-engraisseur. On était partis pour avoir 20 vaches. Aujourd’hui nous sommes à 100 mères ! » sourit l’éleveur.
A l’époque, pas d’exploitation sans élevage
Pour lui, mieux vaut avoir plusieurs cordes à son arc. « Nos générations, on nous a tous conseillé de se spécialiser. Mais avec le recul, je pense qu’il ne faut pas aller dans la monoculture. Sur la commune, à l’époque, il n’y avait pas une exploitation sans élevage. Aujourd’hui, il n’y en n’a plus, mais ça reste important pour moi ! »
L’élevage aide à construire l’assolement
Pour l’agriculteur, associer cultures et élevages est une évidence. « Il est plus facile de faire un assolement avec un atelier Limousin » insiste t-il. Grâce aux cultures fourragères, il est possible de mettre en place des rotations plus longues. Une manière aussi de limiter la pression adventice. « C’est une manière de gérer les problèmes de résistance graminée sur les sols », sans compter sur les apports en fumier qui ne sont « pas anodins » pour l’éleveur.
Les bovins sont nourris à 80 % via les céréales produites sur l’exploitation : « on fait une ration sèche ». Orge, blé et maïs sont aplatis quotidiennement sur l’exploitation. De la protéine est ensuite achetée à l’extérieur, notamment du lin pour la finition des animaux. « On fait également de la luzerne pour avoir un aliment riche en protéines et abordable ».
Moins courant, l’éleveur voit en l’élevage un moyen de gérer sa trésorerie. « Mon blé en herbe, je ne peux pas le vendre. Mais un veau oui. Si j’ai besoin de fonds, il y a toujours moyen de vendre une vache. Pour les cultures, il faut attendre une année, et ça peut être long. »
Mais l’éleveur ne s’est pas lancé dans la Limousine sur un coup de tête : « on a eu la chance d’avoir des personnes qui nous ont accompagnés ». Et il peut surtout compter sur une bonne génétique. L’éleveur qui a privilégié la qualité à la quantité à son installation ne le regrette pas. « Je m’aperçois que le « cher » du départ n’est pas « cher » à l’arrivée ».