Charlotte et le jardin du Chat Vert


19 février 2020

Chers lecteurs, vous savez maintenant comme nous aimons partir à la rencontre de nos client(e)s ! Aujourd’hui, je vous emmène dans le jardin de Charlotte, situé dans un petit village de l’Oise. Peut-être la connaissez-vous ? Depuis plusieurs années, elle partage sur son blog « Le jardin du Chat Vert« , les chroniques de son jardin au fil des saisons, ses escapades dans des lieux de perdition, ses coups de cœur et bien d’autres choses encore. Découvrez l’interview d’une jardinière passionnée et engagée !

Comment est née ta passion pour le jardin ?

Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été attirée par la nature dans son ensemble : la faune aussi petite soit elle, les paysages, et la flore qui les compose. Je pense que certaines personnes sont dotées d’une « intelligence » ou tout au moins d’une sensibilité et d’un regard naturaliste sur le monde. Je crois avoir ce regard et c’est ce qui m’a amenée très tôt au jardin. C’était en moi, tout simplement.

Le chemin des roses

Mon inspiration première, c’est la nature elle-même. C’est de son observation que viennent les plus grandes leçons. Il m’arrive bien souvent de lui laisser la main car elle sait faire bien mieux que moi. Et j’ai faite mienne la fameuse phrase de Francis Bacon : « Pour commander à la nature, il faut savoir lui obéir ». Et puis, bien sûr, il y a eu le jardin de ma grand-mère où j’ai vécu mes premiers émois jardinesques. Les couleurs, les parfums, les saveurs, tout un monde de souvenirs dont j’ai saupoudré mon propre jardin.

Comment décrirais-tu ton jardin ?

Mon petit jardin se construit au gré de ma fantaisie depuis maintenant un peu plus de 20 ans. 6 ares, c’est peu ! Au départ, il n’y avait rien, ou presque. Un simple rectangle de pelouse, clos de murs, sur lequel trônait un cerisier. Au fil du temps, j’ai tracé des pleins et des déliés avec un massif, puis un autre, créé un cheminement, repoussé les murs, jusqu’à occuper pratiquement tout l’espace. 26 massifs, un bassin en carré, un potager en rond, un boudoir, des arbres, des arbustes, des fruitiers, des rosiers, des vivaces et mon jardin paraît aujourd’hui beaucoup plus grand qu’il n’est en réalité.

Vue depuis la terrasse

Ici la terre est lourde, collante, humide, étouffante… de la bonne terre à betteraves argilo-calcaire qui plaît énormément aux rosiers. Les plantes acidophiles ou celles qui n’aiment que les terrains pauvres et drainants ne sont pas pour moi… sauf à les planter sur buttes comme les iris dont je ne saurais pas me passer. Mon jardin n’a d’autre style que celui que je lui donne… tout en rondeurs, champêtre, sans chichi, à la fois fantasque et gourmand.

Les iris du petit jardin et gros plan sur l’Iris germanica ‘Rockstar’

Un maître-mot chez moi : le naturel. Je pratique un jardinage doux et respectueux. Aucun produit phytosanitaire chimique n’a sa place dans mon jardin et je nourris ma terre avec mon propre compost. Je considère que ce qui vient du jardin doit y rester. Mon petit monde est un refuge pour la biodiversité où toute bestiole a sa place. Et puis, il faut bien supporter quelques chenilles si on veut connaître les papillons (ça, c’est dans le Petit Prince !). Ici, les ravageurs, même les gastéropodes, ne ravagent plus grand chose. Les auxiliaires sont là en nombre pour les contrôler. Il n’y a guère que pour la pyrale du buis que j’ai dû agir… en supprimant les buis.

Le potager gourmand de Charlotte et un morceau du bassin où benoite (Geum rivale) et vanille d’eau (Aponogeton) font un brin de causerie

Quelles sont les plantes que tu privilégies dans ton jardin et pourquoi ? Et si devait n’en citer que 5, ce serait lesquelles ?

Je privilégie d’abord ce qui convient à ma terre… la bonne plante au bon endroit est la règle d’or. Faire le contraire serait gage d’échec et de frustration. Si je devais ne citer que 5 plantes parmi mes indispensables, exercice ô combien compliqué, je dirais :

  • D’abord un arbre. Dans un jardin, il faut un arbre, au moins un, c’est obligatoire, parce qu’un jardin sans arbre est un jardin sans âme. Il en existe de toutes les tailles, de toutes les formes, pour toutes les terres. Pour ma part, si je devais n’en garder qu’un ce serait un pommier d’ornement. Ils sont beaux en toutes saisons : des fleurs au printemps, des fruits en été qui persistent en automne, voire même en hiver.
  • Ensuite, je citerais le lierre si précieux pour la biodiversité et qui n’a pas son pareil pour habiller, par exemple, un vilain mur en béton comme celui qui borde le fond de mon jardin. Je dis « le lierre », je devrais plutôt parler « d’un lierre »… encore une famille nombreuse !
  • Et puis une clématite, parce que je les adore, et plus particulièrement ‘Aromatica’ dont le parfum me rend dingue.
  • Un rosier bien sûr ! Difficile d’imaginer un jardin sans rose. C’est un crève cœur de devoir n’en choisir qu’un parmi la centaine qui fleurissent mon jardin mais je pense que je choisirais ‘Yann-Arthus-Bertrand’. Ses roses simples aux tons changeants sont vives sans être criardes. Ses belles étamines plaisent aux butineurs. Il est sain, vigoureux et garde une incroyable prestance au cœur de l’hiver grâce à ses cynorrhodons bien rouges.
  • Et enfin, une hémérocalle pour fleurir l’été au moment où de nombreuses plantes s’essoufflent. ‘Jardin de l’aber Benniget’, par exemple, est une petite merveille.
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Tu es une blogueuse jardin aguerrie. Ce partage est important pour toi ?

Lorsque j’ai commencé la rédaction d’un blog en 2007, avec, au départ, la seule ambition de publier quelques photos et raconter les petites tranches de vie de mon jardin, je n’imaginais pas l’importance que cela allait prendre dans ma vie. La richesse des échanges est fabuleuse et, au delà du virtuel, de belles rencontres et de véritables amitiés peuvent se nouer. C’est exactement ce qu’il m’est arrivé.

Aujourd’hui, je publie presque un article quotidien. Il y a toujours une petite chose à dire, à montrer : une plante, une association réussie, un oiseau, un insecte, une sortie verte faite avec les amis. Je m’attache à répondre à chaque commentaire, ne serait-ce que par un petit mot, parce que c’est effectivement cette notion d’échange et de convivialité qui est importante à mes yeux.

Bourdon dans une fleur de Chaenomeles ‘Espérance’

Tu fréquentes beaucoup les fêtes des plantes. Qu’aimes-tu par-dessous tout lors de ces événements ? Et quelle est LA pépite 2019 que tu y as déniché ?

C’est vrai, les fêtes des plantes sont devenues une véritable addiction pour moi et j’ai la chance de me trouver géographiquement proche d’un certain nombre d’entre elles : St Jean de Beauregard, les Journées de la rose de l’abbaye de Chaalis où je me rends depuis l’origine, Jossigny et Blandy les Tours, deux événements Seine et Marnais où je fais partie d’un jury de blogueurs… Et lorsque Courson a déménagé à Chantilly, j’ai sauté de joie !

Dans fête des plantes, il y a « fête », alors c’est l’occasion de passer des moments magiques avec des amis jardiniers parfois venus de très loin et qu’on ne rencontre qu’une fois l’an… voire moins souvent encore. Et puis dans fête des plantes, il y a « plantes » bien sûr et ces événements sont l’occasion d’aller à la rencontre des pépiniéristes qui sont de véritables passionnés et des artistes du végétal. Alors quand j’ai opportunité de pouvoir prolonger la fête sur plusieurs jours, je ne m’en prive pas !

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Désigner la pépite 2019 rapportée de l’une de ces fêtes est un exercice extrêmement compliqué. Des coups de cœur j’en ai 5 à la seconde mais à 20 ans, mon jardin a atteint sa maturité. Aujourd’hui, la place me manque vraiment alors je dois oublier mes envies d’arbres et de grands sujets. Cependant, je trouve toujours un petit bijou facile à caser. Ce fût le cas à St Jean avec l’Hedera helix ‘Teardrop’, un lierre couvre-sol de tout petit développement avec de jolies feuilles vernissées en forme de cœur. Je l’adore !



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