
Les reportages méconnus d’une grande photographe à Montpellier, des dialogues entre art et artisanat dans le quartier de la Goutte-d’or à Paris, un face-à-face avec un peintre oublié dans le 10e arrondissement de Paris…
Mine de rien, les expositions gratuites sont synonymes de nombreuses (re)découvertes, aussi surprenantes qu’émouvantes… Pour les amateurs de grands classiques, ne l’oubliez pas : dans de nombreuses villes de France, les collections permanentes des musées municipaux sont gratuites ! Alors, on sort ?
À Montpellier, la passionnante Gisèle Freund au Pavillon populaire
Gisèle Freund, Spectateurs, Paris, 14 juillet 1954
© Imec, Fonds MCC, Dist. Rmn / Photo Gisèle Freund
D’elle on connaît les portraits charismatiques de James Joyce, Virginia Woolf, Alberto Giacometti, Frida Kahlo, moins les reportages et la pratique documentaire. À Montpellier, le Pavillon populaire met en avant cette facette méconnue de la carrière de Gisèle Freund (1908–2000), ainsi que son intérêt pour la sociologie et ses engagements politiques, elle qui a été membre des Jeunesses socialistes de Francfort. Sur les murs, 150 images et documents d’archives, qui dessinent le destin de cette figure majeure de la photographie du XXe siècle. Fille d’un collectionneur d’art qui lui met dans les mains son premier appareil, Gisèle Freund quitte vite son Allemagne natale pour la France où elle se fait un nom grâce à ses portraits atypiques. Alors que ceux-ci tranchent avec le style très posé des images d’alors, ses reportages sont habités de la même envie de représenter avec justesse son époque, de la même proximité avec ses sujets. Captivant.
Gisèle Freund. Une écriture du regard
Du 6 novembre 2024 au 9 février 2025
Pavillon Populaire • 34000 Montpellier
www.montpellier.fr
À la galerie Gallimard, Benjamin Lacombe ouvre ses pages aux classiques
Vue de l’exposition de Benjamin Lacombe, « Papillon noir » à la galerie Gallimard, Paris, 2024
© Courtesy Galerie Gallimard
C’est l’un des illustrateurs les plus en vue du moment : formé à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, Benjamin Lacombe (né en 1982) multiplie les publications depuis une vingtaine d’années, travaillant notamment à partir de grands textes de la littérature européenne – comme Alice au pays des merveilles, La Petite Sirène ou encore Bambi, l’histoire d’une vie dans les bois. Dans cette veine, l’artiste dirige également une collection de classiques illustrés chez Gallimard, nommée « Papillon Noir ». C’est cette dernière qui est mise à l’honneur au cœur du 7e arrondissement de Paris, à la galerie Gallimard, laquelle réunit un peu plus de 40 originaux – signés Benjamin Lacombe, donc, autour du Portrait de Dorian Gray, mais aussi de Marco Mazzoni, Isabella Mazzanti et Aron Wiesenfeld. Théâtrale, la scénographie joue la carte d’un mystérieux cabinet de curiosités.
Benjamin Lacombe présente Papillon Noir, une collection Gallimard
Du 26 novembre 2024 au 9 janvier 2025
Galerie Gallimard • 30 rue de l’Université • 75007 Paris
www.galeriegallimard.com
À Lyon, des câbles industriels revus et corrigés par Mounir Fatmi
Vue de l’exposition de Mounir Fatmi, « If you don’t know me by now » à la Galerie Ceysson & Bénétière, Lyon, 2024
Qui eût cru que des câbles coaxiaux blancs – utilisés par exemple dans les réseaux de transmission de données – puissent avoir tant de grâce ? Qu’ils puissent ensemble former de si délicates compositions de formes géométriques ou de calligraphies ? Si l’on peut compter sur les artistes pour rendre fertiles et puissants toutes sortes de matériaux, on reste bluffé par le travail présenté par le plasticien marocain Mounir Fatmi (né en 1970) entre les murs de la galerie Ceysson & Bénétière à Lyon. Réalisées tout au long des 25 dernières années, ces œuvres étonnantes distillent une réflexion autour de la circulation de l’information et des images à l’ère numérique ; mais aussi autour des rapports humains, industrialisés par des outils extrêmement perfectionnés…
Mounir Fatmi. If you don’t know me by now
Du 28 novembre 2024 au 25 janvier 2025
Galerie Ceysson & Bénétière – Lyon • 21 Rue Longue • 69001 Lyon
www.ceyssonbenetiere.com
À l’Institut des cultures d’Islam, l’art et l’artisanat font bon ménage
Vue de l’exposition « L’esprit du geste » à l’institut des Cultures d’Islam
© Marc Domage pour L’ICI – Institut Des Cultures D’Islam
Il sort tout juste de travaux : l’Institut des cultures d’Islam célèbre la réouverture de son espace de la rue Léon, en plein quartier de la Goutte-d’or à Paris, avec une exposition qui célèbre « les liens qui unissent depuis toujours l’art et l’artisanat dans les cultures d’Islam », s’enthousiasme la directrice du lieu Stéphanie Chazalon. 17 artistes y sont réunis, comme la Franco-turque Nil Yalter , la Tunisienne Farah Khelil ou l’Algérienne Samta Benyahia. Avec quelques très belles œuvres, comme les grands caftans réalisés par Dilyara Kaipova avec des artisanes de la région de Marguilan en Ouzbékistan, qui réinterprètent la tradition textile de l’abra, ou les muqarnas de M’Barek Bouhchichi, des éléments d’architecture ici isolés et rendus à leur superbe sculpturalité.
Du 5 octobre 2024 au 16 février 2025
www.institut-cultures-islam.org
Institut des Cultures d’Islam • 19, rue Léon • 75018 Paris
www.institut-cultures-islam.org
À Paris, rencontre avec l’étonnant et méconnu Zwy Milshtein
Zwy Milshtein, Boge Moi, 2000
Acrylique sur papier marouflé‚ sur toile • 162 × 130 cm • © Zwy Milshtein / Adagp, Paris, 2024
Ce sont des éclaboussures de peinture, des éparpillements et des coulures… Ces fonds colorés, dans la veine de l’expressionnisme abstrait, Zwy Milshtein (1934–2020) vient les peupler en y glissant des figures aux contours noirs, dessinées par-dessus. Peintre, dessinateur, graveur, sculpteur et écrivain moldave, Milshtein a connu l’exil dès sa plus tendre enfance, sa famille ayant tâché de fuir les soviétiques qui avaient déporté son père. C’est en Géorgie que le jeune Zwy commence à apprendre à dessiner, avant un passage par la Roumanie, Israël, puis un ancrage à Paris, dès 1956. Soutenu par la galeriste Katia Granoff, Zwy Milshtein se sent libre d’expérimenter, de jouer. « On peut graver au chalumeau, utiliser toutes les techniques, même la photocopie, l’offset, tout ! », s’enthousiasmait-il. Une figure singulière à découvrir à la mairie du 10e arrondissement de Paris, qui lui consacre une exposition riche d’une cinquantaine d’œuvres.
Zwy Milshtein, enfant terrible de l’art
Du 28 novembre 2024 au 20 janvier 2025
Mairie du 10e arrondissement • 72 Rue du Faubourg Saint-Martin • 75010 Paris