Le gouvernement va porter à « près d’un milliard d’euros » en 2024 ses financements consacrés à la biodiversité, a annoncé mercredi la Première ministre Élisabeth Borne.
« Je vous annonce que 264 millions d’euros de crédits supplémentaires seront consacrés à la biodiversité dès l’année prochaine », a déclaré Élisabeth Borne en ouverture du conseil national de la transition écologique. « Ils s’ajoutent aux 300 millions d’euros du fonds friches et aux crédits du fonds renaturation, pérennisés au sein du Fonds vert », ainsi qu’à une part, non précisée, des 475 millions de crédits supplémentaires alloués aux agences de l’eau annoncées le 30 mars dans le cadre du Plan eau. « C’est donc au total près d’un milliard d’euros qui seront consacrés à la biodiversité en 2024 », a conclu la Première ministre.
Cette annonce précède la présentation attendue du projet de 3e Stratégie nationale biodiversité (SNB) de la France, en cours d’élaboration, avec deux ans de retard et après l’échec des deux précédentes. La France, avec la métropole et les territoires d’Outre-Mer, dispose d’un patrimoine naturel très riche mais menacé par l’urbanisation et les infrastructures de transport, les pollutions, la surexploitation de certaines espèces, le changement climatique et l’introduction d’espèces exotiques envahissantes.
Cette nouvelle stratégie, qui doit fixer des objectifs jusqu’en 2030, « sera formellement mise en consultation dans les tout prochains jours », a indiqué Mme Borne. Elle doit traduire les engagements de la France pour respecter d’ici 2030 les objectifs de l’accord de Kunming-Montréal, adopté en décembre par la communauté internationale à la Cop15 Biodiversité : protection effective de 30 % des terres et des mers, restauration de 30 % des écosystèmes dégradés, réduction de moitié des pesticides, etc. « Zones humides, forêts, sols, mers et littoraux : nous déploierons des actions sur tous les écosystèmes dégradés, notamment les 50 000 hectares de zones humides », a poursuivi la cheffe du gouvernement, rappelant l’engagement présidentiel de « plantation d’un milliard d’arbres, plus adaptés au climat futur ».
La stratégie française « s’inscrit en cohérence avec le projet de règlement européen « Restauration de la nature », sur lequel un vote important doit se tenir à midi » au Parlement européen, a ajouté la Première ministre. « La France et les parlementaires français de la majorité soutiennent pleinement le compromis sur ce texte », a-t-elle relevé.
Cette législation proposée mi-2022 par Bruxelles imposerait aux États membres des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive pour préserver la biodiversité, dans la lignée de l’accord de la Cop15. Faute d’accord en commission parlementaire, les eurodéputés doivent se prononcer mercredi sur une motion de rejet, vigoureusement défendue par le Parti populaire européen (PPE, droite), première force de l’hémicycle.