1. Dans le tourbillon des Années folles
Elles s’appelaient Tamara de Lempika, Claude Cahun, Romaine Brooks, Jacqueline Marval… Au musée du Luxembourg, l’exposition « Pionnières » nous plonge dans le tourbillon artistique des Années folles en mettant en lumière le parcours des femmes artistes dans la capitale de l’après-guerre. Pour aller plus loin dans l’exploration de cette parenthèse de liberté, le catalogue édité à l’occasion de l’exposition offre un éclairage indispensable sur une période finalement révélatrice de notre époque : « Aujourd’hui comme alors, on a la certitude de réinventer les concepts d’identité et de genre. Avec un peu de recul… on s’aperçoit que ces récits, les questions et leurs réponses ricochent d’un siècle à l’autre, » affirme ainsi la commissaire Camille Morineau dans la préface. Une lecture passionnante. I.B.
Pionnières. Artistes dans le Paris des années folles
Par Camille Morineau et Lucia Pesapane
2. Paroles de « Femmes d’art »
Créé en 2019 par la journaliste Marie-Stéphanie Servos, « Femmes d’art » fait résonner chaque semaine, dans le creux de nos oreilles, la voix de créatrices, d’autrices, de curatrices… Après le podcast donc, mais aussi le magazine et le « Club », voici le livre ! Ici encore, Marie-Stéphanie privilégie ici l’échange direct et la franchise de l’entretien. Des « pionnières » (Berthe Morisot, Frida Kahlo, Dora Maar), dont la parole résonne à travers les mots de chercheuses ou d’écrivaines, à la jeune garde de l’art (Prune Nourry, Kubra Khademi…), elle est allée à la rencontre non seulement d’artistes, mais aussi d’actrices du monde de l’art. Dans un second chapitre, elle fait ainsi entendre la précieuse parole de « celles qui soutiennent les femmes artistes », qu’elles soient commissaires d’expositions, critiques, directrices d’institutions, galeristes ou encore collectionneuses. Une belle mise en lumière de parcours singuliers et d’engagements. Hautement inspirant ! I.B.
Femmes d’art. De Berthe Morisot à nos jours, ces femmes qui font l’histoire de l’art
Par Marie-Stéphanie Servos (et contributions de Rebecca Amsellem, Soline Delos)
3. Artistes vivantes
Son titre, Vivantes !, sonne comme un cri de joie. Ce petit ouvrage du Frac MECA de Bordeaux, tout juste paru, offre une réflexion exigente sur la place et la représentation des femmes dans l’histoire d’art. Loin de toute tentation d’exhaustivité, l’idée est ici plutôt de multiplier les regards et les faire se rencontrer : au fil des pages se côtoient une analyse de la politique d’acquisition du Frac depuis 40 ans, une évocation de l’œuvre de Rosa Bonheur à travers la parole de l’artiste Nicolas Boone, une analyse de la représentation des femmes au paléolithique ou encore un essai sur Eva Gonzalès, « l’artiste oubliée ». Des pensées riches et vivifiantes. I.B.
Vivantes ! Réflexions (critiques) sur la représentation des femmes dans l’art et son histoire
4. Femmes de l’ombre
L’adage est bien connu : derrière chaque grand homme, il y a une femme. Faire passer ces grandes femmes de l’ombre à la lumière, voilà l’ambition de cet épais livre abondamment illustré des journalistes Patricia Chaira et Dorothée Lépine. Des « savantes de la révolution » aux « spoliées de la science » en passant par les « avant-gardistes » et les « romantiques », ces dernières reviennent sur le parcours de celles qui ont fait l’histoire avec une grand H et dont le nom fut injustement gommé des récits politiques ou artistiques. Une mise au point plus que nécessaire. I.B.
Les oubliées de l’Histoire. Dans l’ombre des grands hommes
Par Patricia Chaira et Dorothé Lepine
5. Les vies de Rosa bonheur
Attendez-vous à entendre beaucoup parler d’elle ! Et pour cause, on fête cette année le bicentenaire de sa naissance. Première femme à avoir reçu la légion d’honneur, Rosa Bonheur a connu une belle carrière de peintre animalière, avant que le XXe siècle ne l’oublie. Bonne nouvelle donc, puisque cette année deux grandes expositions (au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, sa ville natale, et au musée d’Orsay), ainsi qu’une série d’événements au château de By, son ancienne demeure à Thomery, lui rendront hommage ! En attendant, on peut se plonger dans la vie de cette artiste hors norme à travers deux ouvrages. Le roman de Patricia Bouchenot-Déchin, J’ai l’énergie d’une lionne dans un corps d’oiseau, dont l’écriture enlevée nous mène dans les pas de cette peintre toujours éprise de liberté et la biographie de Rosa écrite par sa proche amie Anna Klumpke. I.B.
J’ai l’énergie d’une lionne dans un corps d’oiseau
Par Patricia Bouchenot-Déchin
6. Nina Childress, mise à nue dans une autobiographie truculente
Nue dans sa cuisine, une casserole de choucroute en guise de feuille de vigne : ainsi apparaît la peintre et ex-chanteuse punk Nina Childress sur la couverture de son autobiographie, vendue en duo avec son catalogue raisonné 1081 peintures… Rieuse et atypique. Écrit par l’autrice Fabienne Radi après un été passé à interviewer l’artiste, cet ouvrage illustré de quelques archives raconte la vie entière de Nina, son enfance aux États-Unis, ses amours, ses fêlures, ses concerts, son entrée dans le monde de l’art, son expérience en tant que professeure. Avec quelques listes hilarantes, comme celle de ses coupes de ses cheveux ou celle de ses amants. Et des dizaines d’anecdotes racontées avec gourmandise, Nina Childress ayant fait de sa vie sa plus belle – et plus folle ! – œuvre d’art. M.C.-L.
Nina Childress et 10801 peintures
Par Fabienne Radi
Image à la une : Suzanne Valadon, La Chambre bleue, 1923 • huile sur toile • 90 cm × 116 cm • Coll. musée des Beaux Arts, Limoges • © Centre Pompidou, MNAM CCI, RMN Grand Palais Centre Pompidou